Un class action international contre Facebook
« Europe Versus Facebook » c’est le nom de l’opération qu’a lancé l’autrichien et ancien étudiant en droit Max Schrems il y a 3 ans, déclarant la guerre à Facebook. Le but de cette opération était de sensibiliser ses utilisateurs fait qu’à travers les conditions d’utilisation qu’ils ont tous accepté, Facebook est propriétaire de toutes les photos qu’ils mettent sur le réseau social, entre autres.
C’est faisant une requête à Facebook pour récupérer les données que le site possède sur lui, en s’appuyant sur cette directive européenne qui lui en donne le droit, qu’il a reçu un CD contenant fichier PDF de plus de 1220 pages ! Y sont minutieusement répertoriés évidemment ses statuts, photos ou commentaires, mais aussi toutes ses conversations, les jours heures et lieux de connexion..
« On vous fait croire que vous pouvez supprimer vos données et échanges, et en fait ce n’est pas le cas »
Une plainte collective internationale
Décidé à s’offrir son quart d’heure de gloire se soulever pour faire valoir ses droits et ceux de tous les utilisateurs de Facebook, Max Schrems vient de déposer une plainte contre la filiale irlandaise de la firme devant le tribunal de commerce de Vienne.
Afin de peser, il invite les utilisateurs de Facebook préoccupés par la protection de leur vie privée à se joindre à lui dans ce qui est en train de devenir un gigantesque class action, ou plainte collective, via ce formulaire. La loi autrichienne prévoit en effet la possibilité d’effectuer des plaintes collectives en transférant chaque plainte individuelle à un leader. Facebook gérant ses opérations internationales depuis l’Irlande, les utilisateurs de Facebook majeurs du monde entier sont concernés (car engagés avec Facebook Ireland), sauf ceux résidants aux Etats-Unis et au Canada. Son site FBclaim.org annonce déjà que 25 000 plaignants l’ont rejoint à l’heure ou j’écris ces lignes.
« L’Union Européenne a beau légiférer sur le sujet, les lois ne sont pas appliquées » constate le juriste.
Pas de risque pour les plaignants
L’autrichien compte exiger de Facebook une indemnisation de 500 € par personne qui l’aura rejoint dans sa croisade. Même si les dons sont les bienvenus, les plaignants n’auront rien à débourser quelle que soit l’issue de la procédure: la structure allemande Roland ProzessFinanz AG se réserve 20% du butin en cas de victoire, et prendra en charge tous les frais de justice en cas de défaite.
Facebook a une vision erronée de ce qu’est la vie privée
C’est le manque d’égards de Facebook envers le respect la vie privée de ses utilisateurs qui est pointé du doigt. Il est reproché à Facebook de ne pas s’être conformée à la loi européenne concernant la conservation des données personnelles. Un sujet dont l’Union européenne s’est montrée préoccupée ces derrières années.
« « Pourquoi on devrait y prêter attention? Les Européens sont mignons avec leurs lois » c’est un peu le discours de Facebook, aux Etats-Unis. » avait déclaré Max Schrems il y a 3 ans dans cet interview pour 20 Minutes.
Le traçage de l’utilisateur lorsqu’il se rend sur d’autres sites est également en cause: à travers ses boutons de like et de partage présents partout sur internet, Facebook est capable de suivre ses utilisateurs et observer leur comportement à leur insu.
Un profil de l’internaute est créé avant qu’il ne s’inscrive
Pire: la société ficherait les internautes même si ils ne sont pas membres du réseau social à travers des des « shadow profile ». SI vous n’êtes pas membre de Facebook il est très probable que certains de vos amis (dans la réalité) possèdent votre numéro dans leur répertoire sur leur mobile, et qu’ils y aient installé l’application Facebook.
À travers la fonction « find my friends » qui autorise l’application Facebook à farfouiller dans le répertoire pour trouver des amis, l’algorithme établit une sorte de carte des amitiés grâce aux numéros qui figurent sur les répertoires de ses membres. À partir de ces données Facebook créé un profil fantôme de vous, qui lui permettra par exemple, le jour de votre inscription (vous finirez par craquer..) d’immédiatement vous faire les bonnes suggestions d’amitiés.
Lorsqu’on parle du non respect de la vie privée par Facebook et de ses dangers, les gens balaient habituellement le problème de la même manière: si t’a rien à te reprocher t’a rien à cacher il ne faut pas s’inscrire sur Facebook si on ne veut pas que ses données personnelles ne soient utilisées par la firme. Apparemment, ne pas s’inscrire n’est pas suffisant.
La liste des griefs sur lesquels repose ce class action est encore longue, on peut notamment citer le suivi et l’analyse du comportement des utilisateurs grâce à des systèmes de big data et l’introduction de Graph Search, une sorte de moteur de recherche interne à Facebook qui se nourrit de tout ce que les utilisateurs ont oublié de ne pas laisser en « public ».
Pour finir c’est la collaboration de Facebook avec le très controversé programme Prism de la NSA qui est en cause.
Max Schrems n’a pas les moyens de mettre en difficultés Facebook et il le sait, mais il compte probablement devenir une figure de la lutte pour la vie privée des utilisateurs de Facebook. Et ses opérations, dont tous les détails sont disponibles sur son site Europe Vs Facebook, ne peuvent que faire bouger les choses dans le bon sens pour nous, petits internautes à la merci des géants d’internet. [◆]
______
Plus d’articles bientôt
Timothée Fournié-Taillant, le Pixel Conscient
Au pire il utilise plus Facebook ce con ?
Facebook est un incontournable ! Il ne veut pas boycott facebook, mais le forcer à se conformer aux lois :)
Certaines personnes arrivent à vivre sans. Et quand on voit ce que d’autres font sur Facebook… Le mot « incontournable » ne qualifie pas du tout leurs activités ;-)
Bien-sûr on peut vivre sans, c’est pas ce que j’ai voulu dire, mais si tu veux Facebook est emblématique (de part sa popularité et son quasi-monopole).
Google, Apple, ces multinationales sont de plus en plus présentes dans la vie de tous les jours (bientôt dans la domotique) et il est nécessaire de légiférer pour encadrer leurs activités.
Toute personne qui a une « vie numérique » est concernée !
Super article j’ai enfin tout compris
Du coup, on ne peut pas partager l’article sur FB ?!… Ok je –>
Les boutons de partage arrivent bientôt sur le blog ;)
Très belle analyse – riche d’enseignement sur une problématique qui a été finalement très peu discutée dans les médias et sur la toile.
Ce jeune journaliste est vraiment étonnant, et très prometteur.. belle plume indépendante et de qualité…
Le web appartient à tous – ce pixelconscient le démontre avec brio sur son blog. En espérant lire d’autres articles du même auteur dans les années à venir…